Commencer à investir en bourse est intimidant pour les débutants. C’est pourquoi de nombreux services en ligne proposent de créer et gérer des portefeuilles virtuels de valeurs afin de simuler une exposition aux marchés financier. Ces outils séduisent par leur promesse d’un apprentissage sans risque puisqu’une erreur commise sur un simulateur de bourse n’a pas de conséquence financière.
Néanmoins, cette méthode est-elle réellement efficace pour s’initier en bourse ? Notre analyse, nourrie par notre expérience personnelle, diverge des recommandations habituelles données aux débutants.
Les limites des portefeuilles virtuels
L’attrait des portefeuilles boursiers fictifs réside dans leur absence de risque et leur gratuité, souvent mises en avant par leurs promoteurs. Bien que ces outils permettent de se familiariser avec l’interface des courtiers en ligne, investir de l’argent réel dans un véritable portefeuille boursier engage des émotions et des réflexions bien différentes.
Absence de pression émotionnelle
La maîtrise des émotions est une compétence essentielle pour tout investisseur en bourse. Les marchés financiers sont intrinsèquement volatils, soumis à des phases d’euphorie, de pessimisme ou encore de panique lors des krachs. Dans ces phases, il est crucial que la raison l’emporte sur les émotions, et il s’agit d’un défi bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Un portefeuille d’actions fictives ne pourra jamais reproduire l’ascenseur émotionnel d’un authentique investissement boursier : l’angoisse de perdre toutes ses économies ou l’exaltation d’une hausse inattendue. C’est là que l’apprentissage réel prend tout son sens.
Prise de risques irréalistes
L’absence de conséquences financières concrètes peut inciter les utilisateurs de portefeuilles fictifs à adopter des comportements imprudents, multipliant les prises de risques inconsidérées. Si ces choix s’avèrent payants, cela peut faussement renforcer leur confiance, les éloignant des réalités de la gestion d’un portefeuille réel.
En réalité, lorsqu’un vrai capital est en jeu, les décisions sont souvent bien plus prudentes et réfléchies. Ainsi, les portefeuilles virtuels manquent de pertinence pédagogique, car ils ne sont pas représentatifs des conditions psychologiques d’un investissement réel.
Écart entre simulation et réalité
D’autres éléments creusent l’écart entre la gestion d’un portefeuille virtuel et celle d’un portefeuille réel. Les simulateurs ne prennent pas toujours en compte des facteurs essentiels tels que :
- les frais de courtage qui varient selon les courtiers et les produits financiers ;
- les impôts et taxes, distincts selon le type de compte (CTO, le PEA ou PEA-PME) ;
- les dividendes qui dépendent des entreprises ou des fonds choisis ;
- les délais d’exécution, qui fluctuent suivant les marchés et les actifs.
Ainsi, même sans inclure l’aspect psychologique, les performances obtenues avec un portefeuille fictif sont vraiment à prendre avec précaution puisqu’elles n’intègrent pas tous les paramètres d’un investissement réel.
Un frein au passage à l’action réelle
L’absence de risque financier est souvent présentée comme le principal avantage des portefeuilles virtuels. Pourtant, cette même caractéristique peut freiner le passage à l’action réelle, entraînant un coût d’opportunité1 pour l’investisseur. Rien ne remplace la confrontation concrète aux marchés financiers.
Confort excessif
La gestion d’un portefeuille boursier fictif crée un environnement d’apprentissage confortable qui, paradoxalement, peut s’avérer contre-productif. Sans enjeux financiers réels, l’investisseur ne ressent ni la pression ni l’urgence de prendre des décisions concrètes.
Ce confort peut aussi conduire à repousser indéfiniment le passage à l’investissement réel, manquant ainsi des opportunités de croissance du patrimoine qui ne peuvent être saisies qu’en affrontant les réalités des marchés.
Manque d’apprentissage pratique
Même à petite échelle, l’apprentissage pratique réel permet d’apprendre à gérer les émotions ressenties lorsqu’un vrai capital est en jeu. La prise de décision devient alors bien plus délicate, car l’euphorie d’un marché haussier ou le stress d’un krach boursier sont bien plus intenses qu’avec un portefeuille virtuel.
En pratiquant réellement, l’investisseur débutant commettra inévitablement des erreurs mais il pourra apprendre plus efficacement de ces erreurs, car elles auront entrainé de réelles pertes financières.
Cependant, comme nous le verrons dans le prochain paragraphe, il est crucial de rester prudent pour éviter qu’une mauvaise décision et une perte importante ne décourage l’investisseur débutant.
Les alternatives aux portefeuilles fictifs
Investir en bourse comporte un risque de perte totale du capital investi. C’est pourquoi il est important de respecter quelques précautions pour les débutants souhaitant gérer un vrai portefeuille boursier.
Commencer petit
Commencer par investir des montants modestes permet de quitter le confort de l’investissement virtuel tout en limitant les conséquences d’éventuelles erreurs.
Un investisseur débutant en bourse peut choisir ces montants en fonction de sa capacité d’épargne, sa tolérance au risque et ce qu’il est prêt à perdre sans compromettre sa situation financière. Par exemple, réfléchir en termes de fractions du revenu mensuel peut être pertinent.
Se former
Beaucoup de débutants négligent cette étape essentielle. Pourtant, lire des livres reconnus en bourse permet de s’appuyer sur des stratégies éprouvées et d’améliorer grandement la qualité des prises de décision.
Les utilisations pertinentes des simulateurs boursiers
Bien que limités, les simulateurs boursiers trouvent leur utilité dans certaines situations précises :
- Se familiariser avec les outils des courtiers en ligne : comprendre le fonctionnement des plateformes en ligne, les différents types d’ordres et la gestion des positions.
- Tester des stratégies spécifiques : tester des approches comme l’investissement dans les actions à dividendes ou bien l’allocation sectorielle pour observer leur performance sur des périodes données
- Coût d’opportunité : les bénéfices potentiels auxquels un investisseur renonce lorsqu’il choisit de ne pas investir sur un projet. ↩︎