Bitcoin maximalistes : visionnaires ou fanatiques ?

Techniquement, le Bitcoin n’est pas la toute première cryptomonnaie, mais dans les faits, il en est bel et bien le point de départ. Avant lui, quelques tentatives de monnaies numériques ont vu le jour (l’eCash du cryptographe David Chaum en 1983, le Time-Stamp en 1991, l’HashCash en 1997…), sans jamais aboutir. C’est le lancement de Bitcoin en 2009 qui a véritablement donné naissance à l’écosystème des cryptomonnaies. Au 26 avril 2023, on recensait déjà 23 642 cryptoactifs selon CoinMarketCap, un nombre sans doute encore plus élevé aujourd’hui en 2025, et tous ces projets sont nés après Bitcoin. Mieux encore, ils existent car le bitcoin a fonctionné, preuve de son rôle fondateur.

Lorsqu’on évoque les cryptomonnaies, le Bitcoin est la première image qui vient à l’esprit. Pourquoi ? Parce qu’il est le plus ancien, le plus connu, le plus adopté et le plus sécurisé. Il est aussi la crypto-monnaie la plus chère et la meilleure en termes de performances. Sa domination est telle qu’elle écrase la concurrence en termes de capitalisation, d’infrastructure et de reconnaissance mondiale. Face à cette suprématie, une frange d’adeptes appelée Bitcoin maximalistes ne jure que par lui. Mais sont-ils de simples puristes technologiques ou des fanatiques déconnectés de l’évolution du secteur ? Vous le saurez dans cet article !

Qui sont les Bitcoin maximalistes ?

Les Bitcoin maximalistes sont des personnes ou groupes de personnes qui croient fermement que Bitcoin est le seul actif numérique dont l’humanité aura besoin à l’avenir, considérés par beaucoup d’experts comme des bornés. Pour eux, toutes les autres cryptomonnaies ne sont que des copies imparfaites, inutiles, voire nuisibles. Le maximalisme Bitcoin repose donc sur une conviction simple mais radicale : le Bitcoin est l’aboutissement de la révolution monétaire numérique.

Adhérer à ce courant ne nécessite pas d’appartenance officielle ; il s’agit simplement d’adhérer à cette croyance. Les maximalistes affirment que le réseau Bitcoin est le plus sécurisé, en raison de sa forte décentralisation et de son mécanisme de consensus par preuve de travail (Proof of Work), qui a fait ses preuves depuis ces nombreuses années.

Les maximalistes du Bitcoin considèrent toutes les autres cryptomonnaies comme inférieures, voire nuisibles : trop centralisées, trop expérimentales ou simplement opportunistes. Et même si le Bitcoin présente certaines limites, notamment en matière d’évolutivité et de vitesse de transaction, les maximalistes estiment que ces problèmes peuvent être résolus, surtout si les acteurs majeurs du secteur se concentrent sur le développement de cette cryptomonnaie seule. Par ailleurs, ils pensent aussi que le bitcoin possède tous les atouts nécessaires pour remplacer les monnaies fiduciaires traditionnelles en tant que monnaie de réserve mondiale dominante. Dans ce scénario, le bitcoin servirait à la fois de moyen d’échange et de réserve de valeur plus résistante à l’inflation que les monnaies fiduciaires traditionnelles comme le dollar ou l’euro.

Parmi les figures les plus connues du mouvement du maximalisme du bitcoin, on retrouve Michael Saylor, PDG de MicroStrategy. Depuis 2020, il s’est imposé comme l’un des visages les plus médiatiques du maximalisme, n’hésitant pas à investir des milliards de dollars en Bitcoin au nom de sa confiance absolue dans sa supériorité.

Pièce avec le logo bitcoin

Les arguments des maximalistes du Bitcoin contre les altcoins

Le terme même de « maximaliste » a une origine polémique. Il a été employé pour la première fois par Vitalik Buterin, cofondateur d’Ethereum. Buterin désignait ainsi les membres de la communauté Bitcoin qui, selon lui, refusaient d’accepter la légitimité des autres projets blockchain, appelées communément « altcoins », même ceux porteurs d’innovations.

Voici ce que reprochent les Bitcoin maximalistes des altcoins :

La prolifération des projets douteux

Avec plus de 23 000 altcoins répertoriés, le marché est saturé de projets aux promesses parfois fumeuses. Les maximalistes dénoncent une spéculation sauvage, où les fondateurs s’enrichissent rapidement au détriment des investisseurs naïfs. Les nombreux scandales renforcent leur conviction qu’en dehors de Bitcoin, le secteur est gangrené par la fraude.

Parmi les scandales qui ont fait énormément de bruit, il y a l’effondrement de l’altcoin Terra LUNA en mai 2022. Des milliards de personnes ont perdu énormément d’argent, se sont ruinés en une seule journée avec l’effondrement de cette cryptommonaie. FTX fait aussi partie des altcoins très connus et très appréciés, mais qui ont fait faillite rapidement. C’était en novembre 2022 ; le plus dramatique dans cette histoire, c’est que l’entreprise occupait la deuxième place sur le marché des cryptomonnaies dans le monde, alors que sa cryptomonnaie s’est quand même effondrée. Pour les maximalistes du Bitcoin, cela ne signifie qu’une chose : on ne peut faire confiance à aucune autre crypto monnaie à part le Bitcoin.

Des projets centralisés et vulnérables

Les maximalistes critiquent la centralisation de nombreux projets alternatifs. Ethereum, par exemple, bien que très populaire, est souvent accusé d’avoir une gouvernance trop influencée par ses développeurs, notamment Vitalik Buterin. Pour les maximalistes, une blockchain n’est vraiment utile que si elle est incensurable, résistante et indépendante de toute autorité centrale.

La dilution de la vision originelle

À leurs yeux, les altcoins détournent les gens de la mission première de la technologie blockchain : créer une monnaie mondiale résistante à la censure. Ils considèrent que les innovations annexes (NFTs, DeFi, smart contracts) ne sont que des gadgets passagers, ou au mieux, des extensions inutiles par rapport à la « mission » de Bitcoin.

Les 3 principales cryptos : bitcoin, ethereum et ripple

Ce qu’on reproche à cette communauté

Beaucoup d’experts reprochent aux groupes vocaux qui soutiennent le bitcoin, c’est-à-dire les bitcoin maximalistes, leur discours un peu trop sectaire et aussi le fait qu’ils rejettent tout débat économique entourant les limites des Bitcoins et justifiant l’intérêt de l’existence de certains altcoins :

Un discours parfois sectaire

Les maximalistes utilisent fréquemment un vocabulaire militant : ils parlent de « red pill » (réveil à la réalité), de « véritables croyants », et qualifient les sceptiques de « no-coiners » ou de « shitcoiners ». Ce langage crée une atmosphère sectaire, où la nuance est absente et la critique mal perçue.

Le rejet de l’innovation

On reproche aussi aux bitcoin maximalistes leur idéologie trop extrémiste. Pour rappel, selon eux, la cryptomonnaie Bitcoin devrait être la seule cryptomonnaie légitime, et tous les efforts du secteur devraient se concentrer sur son développement et uniquement sur son développement. Pourtant, il est évident que plusieurs blockchains alternatives introduisent des fonctionnalités très utiles que le Bitcoin ne propose pas. Ethereum, par exemple, a ouvert la voie aux smart contracts (contrats intelligents), qui permettent d’exécuter automatiquement des accords sans intermédiaire. La cryptomonnaie Solana, de son côté, offre une scalabilité bien supérieure, avec des vitesses de transaction bien plus élevées grâce à son architecture optimisée.

Une fermeture au débat économique

La supériorité du bitcoin prôné par maximalistes est considéré par les autres comme un dogme, car ce groupe refuse tout débat et ne laisse pas de place à des analyses économiques qui prouveraient les limites du Bitcoin. Or, certaines critiques sur le BTC, notamment celles sur la lenteur des transactions, la consommation énergétique ou la volatilité du BTC sont fondées et méritent d’être entendues. La lenteur des transactions, par exemple, est un problème que ne possède pas Solana. Face à ces critiques, les maximalistes se contentent de répondre par des slogans plutôt que par des analyses de fond.

L’essoufflement progressif du maximalisme Bitcoin

« L’idée qu’une seule crypto monnaie doit dominer toutes les autres fait abstraction du pouvoir de la collaboration et de l’innovation », affirme Jeff Garzik, cofondateur de Hemi Labs et l’un des premiers développeurs de Bitcoin. Cette déclaration résume bien l’essoufflement progressif du maximalisme Bitcoin. Selon les adeptes du maximalisme Bitcoin, tous les autres actifs numériques ne sont que des distractions ou des régressions. Mais cette vision s’éloigne de plus en plus de la réalité actuelle de l’écosystème. Aujourd’hui, l’interopérabilité est indispensable. En effet, elle est la colonne vertébrale du Web3. L’existence et la popularité des technologies que les maximalistes rejetaient autrefois, comme le WBTC (Wrapped Bitcoin) ou les ponts inter-chaînes, prouvent que les utilisateurs recherchent plus que l’idéologie : ils veulent de l’utilité. Bien que ces solutions soient encore imparfaites, elles répondent à une demande réelle de flexibilité. Un autre exemple : le Bitcoin, dans sa forme native, n’était pas conçu pour les applications de prêt, de trading ou de yield farming, qui ont d’abord prospéré sur Ethereum. Pour y participer, des solutions comme WBTC ont été développées, permettant au BTC d’être utilisé sur d’autres blockchains sans compromettre sa sécurité ou sa rareté. S’il n’y avait que le Bitcoin, il était impossible de trader avec le bitcoin.

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