La dette publique française atteint un nouveau sommet. Dans son communiqué du 26 juin 2025, l’INSEE annonce qu’elle s’élève à 3 345,8 milliards d’euros au 1er trimestre, soit 114 % du PIB. Une progression de plus de 40 milliards en à peine trois mois. Ce niveau d’endettement, inédit sous la Ve République, place la France loin devant ses voisins européens : 62,3 % pour l’Allemagne, 96,4 % pour le Portugal, et seulement 29,9 % pour le Danemark au premier trimestre de l’année 2025.
Face à cette situation très préoccupante, certaines rumeurs enflent sur les réseaux sociaux. L’État pourrait-il aller jusqu’à prélever directement sur l’épargne des Français pour faire face à ses obligations ? Ou encore, bloquer temporairement les fonds placés sur les comptes épargne ou les assurances-vie, comme cela reste juridiquement possible en cas de crise financière majeure ? Ces inquiétudes, parfois exagérées, traduisent néanmoins une perte de confiance grandissante. Le sujet mérite d’être abordé sérieusement. Dette publique française : votre épargne est-elle réellement en danger ? Éléments de réponse dans ce dossier.
Comprendre la dette publique française
La dette publique désigne l’ensemble des emprunts contractés par l’État, les collectivités locales, les organismes de sécurité sociale et certains établissements publics pour financer leurs dépenses. Autrement dit, elle représente ce que l’État doit à ses créanciers.
Au premier trimestre 2025, la dette publique française atteint 3 345,8 milliards d’euros, soit 114 % du PIB. Ce niveau est historiquement élevé : en 2000 par exemple, elle ne représentait que 60 % du PIB, puis 97,9 % juste avant la crise du COVID-19. L’explosion récente de la dette s’explique en grande partie par des dépenses exceptionnelles liées aux crises successives (sanitaire, énergétique, etc.) alors que les recettes fiscales, elles, n’ont pas suivi. L’augmentation de la dette signifie que les dépenses publiques dépassent largement les recettes. Si on fait le calcul, la dette de la France augmenterait en continu d’environ 5 000 euros de plus chaque seconde, soit 300 000 euros par minute.
Bien évidemment, cette énorme dette publique n’est pas sans conséquence. Elle pénalise l’État de plusieurs façons. Notamment, plus la dette est élevée, plus la charge de la dette (les intérêts à rembourser) augmente. En 2025, cette charge s’élèverait à environ 55 milliards d’euros, soit 9,5 % du budget de l’État. C’est devenu un des principaux postes de dépense publique.
Pour rembourser la dette, l’État peut agir sur plusieurs leviers : augmenter les recettes (via la fiscalité), réduire les dépenses publiques, ou stimuler la croissance économique pour augmenter les revenus de l’État. Il a également la possibilité de réemprunter pour refinancer sa dette à de meilleures conditions, dans l’espoir que le poids relatif de la dette diminue avec le temps.
L’État peut-il réquisitionner votre épargne pour rembourser la dette ?
Sur les réseaux sociaux, des rumeurs circulent et affirment que l’État français pourrait prélever directement de l’argent sur l’épargne des citoyens pour rembourser la dette publique. Certains internautes prétendent qu’en cas de crise grave, le gouvernement pourrait légalement « mettre la main » sur les comptes bancaires des Français, comme c’est le cas dans une économie de guerre par exemple. Cette idée alimente les peurs… mais en fait elle est totalement erronée. En effet, non, l’État ne peut pas réquisitionner votre épargne pour rembourser sa dette.
Ce type de mesure serait contraire aux principes de l’État de droit et à la protection de la propriété privée. À l’exception d’un cas précis (si vous avez une dette envers un organisme public), l’État n’a légalement pas le droit de prélever d’argent sur vos comptes.
Cela étant dit, lorsqu’un citoyen est en situation d’impayés (amendes, impôts, frais de cantine, hospitalisation, etc.) à l’égard de l’administration, celle-ci a tout à fait le droit d’engager une procédure de saisie. Dans ce cas, votre banque sera sollicitée pour prélever les sommes dues. Mais cette procédure est encadrée : vous serez systématiquement informé, et vous disposerez d’un droit de recours.
Le blocage de l’épargne reste possible en cas d’instabilité financière
Nous l’avons dit, en aucun cas l’État n’a le droit de prélever directement de l’argent sur votre épargne, et cela vaut également pour les banques, les compagnies d’assurance, ou la Banque de France. La propriété de votre épargne est protégée par la loi.
Toutefois, il convient de préciser qu’en situation d’instabilité financière grave, l’État dispose de mécanismes légaux pour bloquer temporairement l’accès à certaines formes d’épargne. Les produits principalement concernés sont les livrets d’épargne réglementés (comme le Livret A) et les contrats d’assurance-vie.
Prévu par le Code monétaire et financier, les autorités compétentes déclenchent ce type de blocage pour éviter une panique bancaire ou une sortie massive de capitaux. En d’autres termes, il s’agit de préserver la stabilité du système financier, en empêchant que trop de personnes retirent leur argent en même temps, ce qui aggraverait la crise.
Tous les produits d’épargne ne sont pas concernés. Seuls les livrets d’épargne et assurances-vie peuvent être temporairement bloqués, car ce sont des placements à la fois largement détenus par les Français et sensibles aux mouvements massifs de retraits. Ces mesures sont exceptionnelles, strictement encadrées, et temporaires.
Augmentation de la dette publique française : conséquences sur les rendements des placements
Comme nous l’avons déjà souligné à plusieurs reprises, l’État ne peut pas réquisitionner votre épargne. Il n’y a donc rien à craindre de ce côté-là. Toutefois, l’augmentation de la dette publique française n’est pas non plus totalement sans conséquences. En effet, si elle atteint une valeur trop élevée, certains placements verront leur rendement baisser. Voici les placements les plus exposés au risque :
Les obligations d’État
Acheter une obligation d’État revient à prêter de l’argent à celui-ci. Si la situation budgétaire se dégrade, la valeur de ces titres risque de baisser, surtout sur le marché secondaire. En cas d’insolvabilité, hypothèse extrême pour un pays comme la France, l’État pourrait restructurer sa dette, comme la Grèce en 2012.
L’assurance-vie en euros
Les fonds en euros sont majoritairement investis dans des obligations d’État. Si les taux d’intérêt montent trop vite ou que l’État devient moins crédible, ces fonds risquent de voir leur rendement chuter. Toutefois, la plupart restent garantis en capital à condition de ne pas casser le contrat trop tôt.
Livret A et livrets réglementés
Ces produits sont peu exposés au risque de défaut, car garantis par l’État. Néanmoins, leur taux peut être maintenu artificiellement bas pour éviter d’aggraver le déficit public, ce qui peut conduire à une perte de pouvoir d’achat en période d’inflation élevée.