Fuite massive des millionnaires : alerte rouge sur l’économie du Royaume-Uni ?

Le Royaume-Uni est sur le point de battre un record dont il se serait bien passé. Selon le rapport annuel sur la migration des richesses publié par Henley & Partners, le pays devrait perdre 16 500 millionnaires en 2025, un chiffre alarmant qui dépasse de loin les prévisions pour la Chine, où 7 800 millionnaires sont attendus à quitter le territoire. Ce retournement est d’autant plus frappant que la Chine occupait, depuis plus d’une décennie la première place de ce classement, en raison de son régime autoritaire, de ses restrictions économiques et de l’absence de garanties juridiques solides, autant de raisons qui, en théorie, n’auraient pas dû concerner une démocratie libérale comme le Royaume-Uni.

Avec cette fuite massive des millionnaires, quel impact sur l’économie du pays ? L’expatriation au Royaume-Uni est-elle toujours intéressante ? Cette fuite des élites financières pose de nombreuses questions sur l’avenir fiscal, politique et financier du Royaume-Uni.

Fuite massive des millionnaires au Royaume-Uni : pourquoi les riches quittent-ils le pays ?

L’abolition du régime des « non-doms » est la principale cause de la fuite massive des millionnaires au Royaume-Uni. Le régime des « non-domiciled residents » (ou « non-doms ») a longtemps fait que le pays soit une niche fiscale très prisée par les ultra-riches. Ce statut en vigueur depuis plus de plus de 200 ans permettait à des résidents fiscaux vivant au Royaume-Uni, mais considérés comme domiciliés ailleurs, de ne pas être imposés sur leurs revenus étrangers, à condition qu’ils ne soient pas rapatriés au Royaume-Uni. Ce régime permettait à un non-dom de vivre à Londres tout en échappant à l’imposition de ses dividendes, intérêts ou gains générés à l’étranger, ce qui représentait des économies fiscales colossales.

Mais voilà, ce que l’on appelle aussi la « remittance basis » a officiellement été supprimé le 6 avril 2025. Le gouvernement britannique a décidé d’abolir ce régime, dans un effort de justice fiscale et sous la pression de l’opinion publique. Des dispositions transitoires resteront en place durant les années fiscales 2025/26 et 2026/27. Mais passé ce délai, les non-doms seront traités exactement de de la même manière que tous les autres contribuables britanniques. En d’autres termes, ils paieront des impôts sur leurs revenus et actifs à l’étranger.

Cette réforme va entraîner une hausse significative de leur charge fiscale, rendant leur situation bien moins avantageuse qu’avant. Résultat : de nombreux millionnaires, voire milliardaires, ont déjà quitté le pays pour des juridictions plus accueillantes fiscalement, comme Luxembourg, Monaco, Dubaï ou la Suisse.

Business woman en train de s'expatrier

Quels impacts économiques à long terme pour le Royaume-Uni ?

Le régime fiscal des « non-domiciliés » (non-dom) au Royaume-Uni a été mis en place au  19eme siècle pour soutenir l’économie du pays. En attirant les personnes riches du monde entier, le gouvernement savait que celles-ci allaient investir dans le pays. Voici les principales conséquences de cette fuite massive des millionnaires dans le pays :

Ralentissement des investissements privés dans l’économie britannique

La fuite de ces grandes fortunes se traduira bien évidemment par un net ralentissement des investissements privés dans le pays. Même si ces ultra-riches non domiciliés évitent autant que possible de générer du revenu dans le pays pour payer le moins d’impôts, ils contribuent quand même énormément au financement de projets innovants, de start-up ou d’infrastructures locales. Leur départ vers des juridictions plus attractives réduit mécaniquement l’apport en capital disponible pour l’économie britannique.

Perte de recettes fiscales pour les services publics

Le départ massif des millionnaires du Royaume-Uni suscite aussi de vives inquiétudes quant aux conséquences sur les finances publiques. Une grande partie de ces individus bénéficient du statut fiscal de « non-domiciliés » (non-doms), un régime particulier qui permettait de ne pas être imposé sur les revenus générés à l’étranger, tant qu’ils n’étaient pas rapatriés au Royaume-Uni. Cela pourrait amener certains à penser que leur départ n’aura donc aucune incidence significative.

Toutefois, il est important de noter que ces résidents fortunés restaient redevables de l’impôt britannique sur leurs revenus et gains de source nationale. En plus de l’impôt sur le revenu généré sur le territoire, les non-doms contribuaient également à d’autres formes de fiscalité, telles que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), puisqu’ils consommaient énormément, comme tous les ultras riches. La plupart d’entre eux possédaient aussi des biens immobiliers dans le pays et payaient donc pour cette raison d’importantes taxes foncières. Leur présence représentait donc une source de recettes non négligeable pour le Trésor public. Leur départ entraîne mécaniquement une baisse de ces recettes, au détriment des services publics essentiels tels que la santé, l’éducation ou encore les infrastructures.

Déclin de la philanthropie et des dons caritatifs majeurs

Les grandes fortunes sont aussi de généreux contributeurs aux œuvres caritatives et aux initiatives culturelles ou sociales. Leur départ affecte directement la philanthropie au Royaume-Uni. Or, il se trouve que de nombreux établissements (musées, universités, hôpitaux, fondations) dépendent en partie ou en totalité de dons privés pour fonctionner ou financer des projets d’envergure. En quittant le pays, ces mécènes emportent avec eux leurs dons potentiels. Sur le long terme, cette diminution du mécénat pourrait nuire à la vitalité culturelle, à la recherche et à l’action sociale du Royaume-Uni.

Les millionnaires prennent la fuite : la France parmi les perdants de 2025

Selon les projections, quelque 165 000 millionnaires disposant d’au moins un million de dollars en patrimoine liquide devraient changer de pays, soit une hausse spectaculaire de +224 % par rapport à 2013. Le phénomène touche aussi la France. Le pays fait même partie des plus grands perdants, car il enregistre un solde migratoire négatif de 800 millionnaires, soit une sortie de capitaux estimée à 4,4 milliards de dollars. L’Hexagone se classe ainsi au 7e rang des pays les plus « désertés » par leurs riches résidents, derrière des géants comme le Royaume-Uni (-16 500) et la Chine (-7 800).

Contrairement au Royaume-Uni, où l’abolition du régime fiscal favorable des « non-doms » a provoqué une véritable fuite, la France ne connaît pas de réforme majeure récente. La raison de cette perte est plus diffuse : de nombreux millionnaires semblent tout simplement attirés par des destinations plus accueillantes fiscalement, comme les Émirats arabes unis (+9 800) ou les États-Unis (+7 500), qui continuent de séduire par leur stabilité, leur fiscalité avantageuse et leurs opportunités d’investissement.

Homme d'affaire en jet privé

Les conséquences éventuelles de la fuite massive des millionnaires sur l’investissement boursier dans le pays

Même si les non-domiciliés (« non-doms ») génèrent l’essentiel de leurs revenus à l’étranger, leur départ massif du Royaume-Uni pourrait quand même avoir des répercussions notables sur l’investissement boursier local. Et pour cause,  installés à Londres ou dans d’autres grandes villes britanniques, ces individus gèrent souvent leurs portefeuilles depuis le Royaume-Uni, via des institutions financières locales. Leur présence soutenait donc directement le pays et l’activité des marchés financiers du pays.

En quittant le pays, ces fortunes transfèrent également leurs centres de gestion de patrimoine, ce qui peut entraîner une baisse des flux d’investissement vers les actions britanniques, en particulier celles des entreprises nationales. Cela risque d’affaiblir la demande pour certains titres, pesant sur leur valorisation.

L’expatriation au Royaume-Uni est-elle toujours intéressante ?

La réponse est oui ! Certes, l’image du Royaume-Uni comme paradis pour les riches expatriés s’effrite. Avec l’abolition du régime des « non-doms », le pays perd de son aura, mais essentiellement aux yeux des grandes fortunes étrangères et les personnes les plus aisées. Si vous faites partie de cette catégorie de personnes, vous aurez plus d’intérêt à vous expatrier à Dubaï, qui offre zéro impôt sur le revenu, ou encore Lisbonne, avec son régime de résident non habituel (RNH) ou des pays comme la Suisse. 

L’expatriation au Royaume-Uni reste très intéressante pour de nombreux Français pour les raisons suivantes :

Un tremplin pour votre carrière

Selon le classement CIMI 2025, Londres est la ville la plus dynamique au monde pour la troisième année consécutive, parmi 183 villes évaluées dans 92 pays. Elle se distingue notamment dans des domaines clés comme le capital humain, la gouvernance, l’urbanisme et le rayonnement international. Ce dynamisme fait qu’il est plus facile pour un étranger de trouver un travail qualifié dans le pays et plus particulièrement à Londres qu’ailleurs dans le monde. Les salaires y sont bien évidemment aussi plus élevés qu’en France.

Un système fiscal avantageux pour les sociétés

Certes, le Royaume-Uni n’a jamais été connu pour avoir un impôt sur les sociétés particulièrement bas. En 2025, le taux standard est d’ailleurs de 25 %, l’un des plus élevés en Europe, juste en dessous de celui des Pays-Bas (25,8 %). À titre de comparaison, l’Allemagne applique un taux de 15 %, et l’Irlande reste très compétitive avec un impôt à 12,5 %.

Cependant, le système fiscal britannique présente des avantages notables pour les petites entreprises. En effet, les sociétés réalisant un bénéfice annuel inférieur à 50 000 livres sterling bénéficient d’un taux réduit à 19 %. Ce dispositif encourage la création d’entreprise et soutient les structures en croissance, en particulier dans les secteurs innovants et technologiques.

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