Aujourd’hui, 62 % des Français considèrent l’or comme l’un des placements les plus sûrs, en particulier en période d’instabilité économique et politique. Ce sentiment n’est pas sans fondement : alors que l’économie mondiale vacille, entre inflation persistante, tensions géopolitiques et ralentissement de la croissance, on observe que la valeur de l’or ne cesse de grimper. Valeur refuge par excellence, le métal jaune ne protège pas seulement des effets de l’inflation, mais aussi de ceux des périodes de crises et d’instabilité économique et politique. Il a eu une envolée spectaculaire, notamment au cours des deux dernières années.
En 2023, c’est le conflit israélo-palestinien qui a ravivé les craintes d’instabilité au Proche-Orient, dopant au passage la demande pour l’or, ce qui a fait augmenter les cours. L’année 2024 a également été faste pour le métal jaune, surtout à cause de l’enlisement de la guerre en Ukraine. Et en 2025, c’est la guerre commerciale déclarée par Donald Trump, avec ces fameuses taxes douanières absurdement élevées, qui a relancé l’appétit des investisseurs pour cet actif refuge.
Mais si le cours de l’or ne cesse d’augmenter ces dernières années, certains analystes s’interrogent si nous sommes face à une hausse durable ou à une bulle spéculative. Pourquoi l’or brille-t-il plus que jamais depuis deux ans ? Est-ce que cette tendance haussière va se poursuivre ? Les réponses dans cet article !
L’or : une performance remarquable depuis 2023
Cours de l’or en 2022
L’année 2022 n’a pas été une très belle année pour l’or. Le métal jaune a commencé l’année autour de 1 796 $ l’once et l’a terminée légèrement au-dessus, à 1 824 $, évolution modérée par rapport aux années précédentes et les années qui vont suivre.
Plusieurs facteurs expliquent cette relative stagnation. D’une part, la hausse rapide des taux d’intérêt par les banques centrales, notamment la Réserve fédérale américaine, a réduit l’attrait de l’or, qui ne génère pas de rendement. D’autre part, un dollar fort a également pesé sur les cours. Néanmoins, la persistance de l’inflation et les premières tensions géopolitiques ont permis au métal précieux de limiter les pertes en fin d’année.
Cours de l’or en 2023
En 2023, l’or a repris une dynamique haussière portée par un climat international incertain. L’année a débuté avec un prix d’environ 1 927 $ l’once pour s’achever à 2 062 $, après avoir atteint un sommet de 2 135 $ en décembre. Ce gain annuel d’environ 7 % reflète le regain d’intérêt des investisseurs pour les actifs refuges. Parmi les facteurs géopolitiques qui ont alimenté cette hausse, il y a la guerre en Ukraine, toujours en cours. En parallèle, la rupture économique entre la Chine et les pays occidentaux a renforcé les craintes sur la stabilité du commerce mondial. L’inflation, bien que mieux maîtrisée, restait au-dessus des cibles, et les banques centrales sont restées prudentes. Ce contexte d’incertitudes économiques et géopolitiques a solidement soutenu la demande pour l’or. En outre, l’achat massif d’or des banques centrales, notamment en Asie, a renforcé la pression haussière sur les prix.
Cours de l’or en 2024
Comme évoqué au tout début, l’année 2024 a été particulièrement faste pour l’or au niveau mondial. Le cours n’a cessé de progresser. L’année a commencé avec un prix avoisinant 2 037 $ l’once, avant de franchir les 2 418 $ début juillet. Le 17 juillet, le métal précieux a atteint un sommet historique à 2 483 $ l’once. Cette progression s’explique toujours par la conjonction de plusieurs crises géopolitiques : la guerre en Ukraine, toujours sans issue, le conflit entre Israël et le Hamas, ainsi que la montée des tensions entre la Chine et Taïwan, ont renforcé la quête de sécurité des investisseurs. À cela s’ajoutent d’autres foyers d’instabilité, comme les tensions en mer Rouge, les sanctions économiques contre la Russie, et les incertitudes sur la croissance mondiale.
Cours de l’or en 2025
Dès le début de l’année 2025, le cours de l’or battait déjà des records et a franchi les 3 500 usd. Depuis, le prix est redescendu autour de 3 200 usd, mais pourrait évoluer à la hausse selon l’évolution du contexte international. Plusieurs crises géopolitiques majeures continuent d’alimenter la demande en or cette année : la guerre en Ukraine, le conflit au Moyen-Orient entre Israël et le Hamas, la guerre Iran-Israël (surnommée « guerre des 12 jours »), ainsi que la guerre commerciale lancée par les États-Unis contre plusieurs partenaires, dont la Chine et l’Union européenne.
Comment expliquer la hausse du cours de l’or ces dernières années ?
L’augmentation du cours de l’or ces dernières années s’explique par une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels, liés à la demande croissante, aux tensions géopolitiques et à l’évolution des marchés financiers.
Tout d’abord, l’or reste une matière première. Et comme toute matière première, son prix ou très précisément son cours dépend avant tout des variations de la demande mondiale. Celle-ci provient principalement du secteur de la joaillerie (49 %), suivi par les banques centrales (23 %), les investisseurs financiers (21 %) et le secteur électronique (7 %), où l’or est utilisé dans la fabrication de composants. Les marchés asiatiques, et plus particulièrement la Chine et l’Inde, dominent largement le segment de la joaillerie, représentant 57 % de la demande mondiale, contre seulement 21 % pour l’Europe et l’Amérique réunies.
Les périodes de fortes tensions géopolitiques, comme la guerre en Ukraine, le conflit Israël-Hamas, les tensions entre la Chine et Taïwan ou encore la guerre commerciale engagée par les États-Unis, suscitent une aversion accrue au risque chez les investisseurs, qui se tournent naturellement vers des actifs jugés sûrs comme l’or. Et quand la demande augmente soudainement, alors que l’offre ne suit pas, on observe inévitablement une hausse du cours.
La hausse du cours de l’or ces dernières années s’explique aussi par le développement de produits financiers adossés à l’or, notamment les ETF (exchange traded funds) disponibles dans les plateformes de trading social ou encore les Certificats 100 % or proposés par des banques comme BNP Paribas, Société Générale. Ces derniers ont facilité l’accès des investisseurs à ce marché. Résultat : la demande d’or physique augmente, et avec elle, le cours aussi !
Enfin, ces dernières années, les banques centrales des pays émergents, dans une logique de dédollarisation ou de diversification stratégique, ont aussi massivement augmenté leurs achats d’or, consolidant la tendance à la hausse observée depuis plusieurs années.
Un emballement spéculatif ?
Face à cette envolée des prix, certains analystes s’interrogent : l’or n’est-il pas en train de former une bulle ? Plusieurs éléments laissent en effet penser qu’un emballement spéculatif pourrait être à l’œuvre. Tout d’abord, la médiatisation accrue de l’or a attiré de nombreux investisseurs novices. De nombreuses plateformes en ligne ont aussi vanté l’or comme un placement miracle, alimentant une demande parfois irrationnelle.
De plus, certains fonds d’investissement ont massivement augmenté leur exposition à l’or. En d’autres termes, ils investissent une plus grande part de leur portefeuille dans l’or. Ils font cela pour se protéger contre l’incertitude. Mais tout cela a contribué à une hausse artificielle du cours de l’or.
Sur le plan purement technique, quelques indicateurs suggèrent que le marché de l’or pourrait connaître une phase de consolidation, voire une correction à court terme. Cela signifie que le cours de l’or risque de baisser. Il est donc important pour les investisseurs de ne pas acheter de l’or au plus haut de sa cotation.
Est-ce que l’or peut encore performer ?
La réponse est oui, et les experts sont plus optimistes que jamais ! Depuis que l’or a franchi le seuil historique des 3 500 $ en début 2025, certains analystes prévoient un objectif ambitieux de 4 000 $ l’once d’ici 2026. En effet, malgré les craintes de bulle, tout indique que le prix de l’or va se maintenir, voire poursuivre sa hausse sur le long terme. Premièrement, la demande reste forte, notamment de la part des banques centrales et des pays émergents.
Deuxièmement, les tensions géopolitiques ne montrent aucun signe d’apaisement durable. Les négociations entre D. Trump et Poutine pour résoudre la guerre en Ukraine ne donne aucun résultat. Il y a aussi les droits de douane américains qui ont fini par entrer en vigueur. Bref, l’instabilité mondiale est devenue structurelle, ce qui soutient la demande pour des actifs refuges.
Troisièmement, même si l’inflation ralentit, elle reste au-dessus des cibles dans de nombreux pays, et les politiques monétaires pourraient rester accommodantes plus longtemps que prévu. Malgré les fluctuations à court terme, l’or reste un actif de choix pour la diversification de son portefeuille.